Vous ne vous rappelez pas la belle légende qui voulait que les hollandais importent des tonnes de cannabis de tous les pays du monde, armés de dérogations spéciales et d’une flotte de navires dédiée à cette noble entreprise.
Belle idée qui, tablant sur les vertiges de l’exotisme et de l’authenticité, voulait vous faire penser que le bout de hash pakistanais acheté au coffe shop du coin provenait de je ne sais quel champ mystérieux à l’autre bout du monde (cultivé par un mec souriant préoccupé par votre petit pétard de digestion, pourquoi pas).
Ahh, imaginer une tripotée de « Jacques Vabre » (dans sa version cannabique) arpenter les plantations et vérifier (de ses yeux rougis) la maturation des têtes, la qualité du sol, etc… pour finir par prélever (selon une méthode sans cesse modifiée – pour égarer le malveillant) les quelques têtes qui constitueront son « smoke report ».
Malheureusement, on réalise vite (et avec effroi selon les natures) que les coffe shops vendent aussi du pneu et qu’il y a plus « d’Inde » dans votre paire de basket que dans la chose molle aux effets décevants que vous venez d’acquérir.
Un autre truc sur les hasch « exotiques ». J’en ai goûté de bons, ce n’est pas le problème mais j’avais identifié un tournant dans la « facticité » sur ces produits. En effet, j’avais trouvé sur la fin (cela fait bien longtemps que je me suis rabattu avec allégresse sur l’herbe) que nos amis trafiquants avaient réalisé d’incroyables « montées en compétences » (pour utiliser un vocabulaire de cadre dynamique) sur tout ce qui touche aux additifs et autres adjonctions (pour « couper » le shit) et qu’il était parfois assez difficile (même muni d’un tarin que je croyais expert) de reconnaître cette vieille odeur chimique (on y revient : le « chimique » est une condamnation éminemment cannabique) qui caractérisait jusque là tous les produits massacrés par les coupes « traditionnelles » (il en existe de plus soft que d’autres : le lait, par exemple). Résultat, je me rappelle avoir notamment eu entre les mains un libanais rouge et un afghan qui avaient l’air plutôt corrects (même après combustion et reniflement) et qui se sont avérés aussi psychoactivement délirants qu’une bonne verveine. A tel point que sorti du marocain (que je connais bien au point de déjouer tous les « coups spéciaux » de nos chimistes avides de profit), j’avoue que j’ai souvent du mal à me rendre compte (sans fumer la bête) de la qualité du machin.
Hanuman, je ne connaissais pas ce mépris indien pour le hasch à base d’opium (je ne connais que le sud de l’Inde où l’herbe prédomine), si ma mémoire est bonne, l’hindouisme n’était pas aussi catégorique là-dessus (l’alcool en prend en revanche plein la gueule).